Hier a eu lieu mon deuxième cours du soir. Cette fois j'ai dit à maman qu'on me raccompagnerait. Cela m'éviterait de l'attendre. Fanny était là quand je suis arrivée. Elle m'a saluée vite fait entre deux sauts de corde et puis après elle est montée au bureau du prof et n'est redescendue qu'à l'heure du cours, avec lui. Je ne sais plus trop quoi penser. Je crois qu'elle m'aime bien, mais je me dis que je dérange peut-être son duo nocturne avec notre prof. Pourtant ses sourires me disent le contraire. Va-t-elle tenter d'entrer dans la carapace de pierre de Claire ?

Une fois qu'elle est partie, le prof m'a raccompagné comme il le fait souvent. "Je ne t'avais jamais vue aux cours du soir avant... Tu aimes ? C'est un peu particulier...". Je lui ai répondu que j'aimais bien car c'était un moment privilégié, calme, où il pouvait vraiment s'occuper de nous et nous apprendre à améliorer nos techniques.

cet après-midi, j'ai eu mon cours habituel avec tous les autres. J'ai demandé à Astrid si elle connaissait un peu Fanny et elle m'en a touché deux mots. Apparemment, le prof aurait "des vues" (mots d'Astrid) sur Fanny... Et bien me voilà bien ! Mon prof adoré comme rival... Tout mais pas ça ! Mais bon, les élèves aiment bien inventer des scoops... ça leur pimente leur petite vie trop tranquille...

À la fin du cours, je n'en pouvais plus... Il faut dire que Lily est sacrément dynamique et ne se laisse pas faire... Et en enlevant mon masque, direction les vestiaires, les cheveux collés sur mon front et ma nuque par la transpiration, je me suis retrouvée face à Fanny. Elle m'a souri, et je me plaisais à me dire qu'il n'y avait qu'à moi qu'elle souriait comme ça... Elle n'était pas en tenue, elle avait toujours son manteau et elle a tendu une lettre au prof. Il lui a fait clin d'oeil. Puis elle s'est dirigée vers la sortie, et en poussant la porte, elle s'est retournée et m'a lancé :

"Claire ?"

Mon coeur battait à s'en décrocher... J'ai relevé la tête, imaginant toutes les choses qu'elle pouvait me demander... si je peux venir boire un verre avec elle, si je peux lui donner mon numéro de téléphone, si j'ai quelqu'un dans ma vie, si...

"Est-ce que tu participes à la compétition de dimanche ?"

Et comme dans le film "Le Fabuleux Destin D'Amélie Poulain", j'ai eu l'impression de me liquéfier de déception...

"Euh oui bien sûr... Et toi ?"

Elle sera là. Elle sera là dimanche matin.

Comme d'habitude, le trajet dans la voiture jusqu'à la salle d'armes sera silencieux. Ma mère n'aura rien à me dire et moi rien à lui dire. Mais je penserai à Fanny. Et je la retrouverai là-bas.